L'épopée de Wazaou

Chapitre 1

Ah, mes amis, je savais bien que vos questions finiraient par affluer. Il me faut donc rassembler les bribes de cette histoire disséminées dans les tréfonds de ma mémoire. En effet, la tribu dont je vais vous conter l’épopée n’est pas née d’hier, beaucoup d’illustres guerriers y ont montré leur bravoure. Des guerriers, mais aussi de puissants mages et bien évidemment, des elfes renommés. La légende dit même que la glorieuse Communauté de l’Anneau qui sauva la Terre du Milieu des griffes de l’ignoble Sauron faisait partie de la tribu Wazaou, mais je crois bien que ce n’est qu’une farce pour épater les âmes les plus crédules.

Que de faits d’armes, d’injustices réparées, de moments d’intenses joies et d’infinies tristesses ont constitués l’épopée que je m’apprête à vous conter. Oui, je dis bien épopée, je pourrais tout aussi bien dire mythe, tant cette histoire se perd dans les méandres du passé, se mêle au présent pour engendrer un futur meilleur. Que de tyrans ont trépassé sous la lame d’un Wazaou. Et tant de monarques ont fait appel à la tribu pour asseoir la justice et la liberté dans leur Royaume.

Ils étaient deux à l’origine, Wazmozvlad et Huispiaou. Des hommes simples, issus de familles modestes de Lorencia. Ils étaient nés la même année mais ne s’étaient jamais rencontré avant de faire leurs classes militaires. Ils n’avaient jamais vraiment sympathisé. Pourtant, alors qu’ils effectuaient une banale patrouille, ils tombèrent dans une embuscade tendue par d’infâmes Skeletons. L’un sauva la vie de l’autre. Une amitié s’est formée. Plus jamais ils ne devaient se séparer.

De combat en combat, de bataille en bataille, leur loyauté l’un envers l’autre devint légendaire. Toujours par deux ils allaient. Toujours plus de courage. Toujours plus de bravoure. Toujours plus d’éclat dans leurs faits d’arme, tant est si bien que par un froid matin d’hiver, l’Empereur lui même les adouba, après une âpre lutte durant la troisième incursion des hordes du Chaos en Terre du Nord. Ils étaient devenus les plus jeunes Chevaliers de Mu.

Sur tous les fronts, dans toutes casernes, dans la moindre taverne, les Deux étaient légendes. Dans le cœur des braves, ils étaient indissociables. La rumeur disait que même leurs parents respectifs ne pouvaient plus déterminer qui étaient l’un sans voir l’autre. En fait, seule une femme aurait pu semer la discorde entre les deux comparses.

Elle s’appelait Muceline. Originaire de Devias, elle nourrissait sa famille en faisant la cueillette de plantes rares pour la Potion Girl. Jusqu’à ce qu’un groupe d’Assassins s’en prenne à elle. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, elle pu remercier ses deux sauveurs en armure étincelante.

La blondeur des blés. Du ciel dans ses yeux. Les deux tombèrent immédiatement sous le charme de l’angélique visage. Son cœur fit des bonds dans sa large poitrine mais ne pu jamais choisir entre les deux. De longues étreintes en folles cavalcades amoureuses, ils vécurent heureux et eurent un fils. Ne pouvant lui donner le nom des deux pères, elle l’appela Wazaou.

Malheureusement, l’Empereur ne put autoriser qu’un tel ménage se fasse au grand jour. Mais il ne pu se résigner à priver ses deux meilleurs éléments d’un bonheur encore une fois si bien partagé et tant mérité. Ils furent alors mis au secret dans une lointaine contrée où il purent sans crainte s’occuper de leur progéniture. Et il leurs fit promettre de faire de leur fils le meilleur des Chevaliers de tous les temps.

Chapitre 2

Lorencia, au sud du village. C’est un matin brumeux et frais. La nature s’éveille doucement. Quelques insectes volètent allégrement. Le Printemps reprend ses droits sur la froide saison. Il y a fort longtemps que Wazaou est un chevalier, fort de l’enseignement de ses pères. Il mène un combat sans relâche contre les forces du Chaos. Mais il sait qu’il n’est pas immortel, alors qu’il reste tant à faire, surtout depuis l’apparition de celui que l’on ne nomme pas encore le White Wizzard !

Alors pour continuer la mission que lui a confié en son temps l’Empereur avant- de succomber, il a décidé de former celui qui le succèdera, celui qui aura la tâche de défendre la liberté, la justice et la loyauté. Et ce sont justement les silhouettes des deux hommes qui se détachent de l’horizon laiteux. L’une est massive et au fur et à mesure qu’ils s’approchent, on peut deviner son imposante musculature sous sa chemise. L’autre paraît chétive, malgré son armure.

« - Cher apprenti, c’est ici que va commencer ta formation, tout comme a commencé la mienne lorsque mes pères m’ont amené céans.
- Maître, quand serai-je un chevalier ?
- Tu en es déjà un, par ma volonté et la Grâce de l’Empereur ! La vraie question est de savoir quel type de chevalier tu vas devenir. »

D’un coup, le fourré juste devant eux s’agite. Ils cessent tout mouvement. Un petit dragon se montre sur le chemin. Il crachote de petites flammes.

« Tu vois ce monstre ? Tu vas le tuer ! Sors ton arme de son fourreau et approche toi de lui. Suffisamment près pour le toucher, suffisamment loin pour éviter sa langue de feu. Bien, comme ça. Maintenant, tu vas le frapper au niveau du cou. Il faut que ton coup soit fort et précis. Mais ne t’attends pas à le tuer du premier coup. Tu vas devoir répéter ton geste, encore et encore. Et plus tu frapperas, plus ton bras deviendra fort et précis. »

Et l’écuyer, peu rassuré par la bestiale proximité, s’exécute. Il brandit son épée et martèle de coup la créature. A chaque fois que la lame heurte sa cible, il se sent aguerri. Et lorsqu’il porte l’estocade finale, il ressent une merveilleuse sensation de bien être l’envahir, comme si ça puissance se décuplait. Il va pour l’exprimer à Wazaou mais celui ci ne lui laisse pas le temps de s’exprimer.

« - J’ai également ressenti cela en mon temps, mon jeune ami. Et cette sensation s’empare de moi chaque fois que j’extermine une bête du chaos. C’est ton expérience qui s’accroît. Et c’est la façon dont tu la mets à profit qui te déterminera. Force, agilité, santé et magie sont les quatre qualités d’un chevalier. A toi de savoir ce que tu désires améliorer. Mais reste lucide. Sans agilité, la force n’est rien. Et la magie ne sert pas lorsque l’on est mort.
- Mais Maître, comment puis-je maîtriser la magie alors que je ne suis pas un sorcier ?
- Ne soit pas si sûr de toi. Pas assez, ou trop de confiance en toi te trahira. Je n’ai que cette épée. Regarde ce que je peux en faire ! »

Alors il lève son arme vers le ciel puis abat la pointe de sa lame sur le sol. Il s’ensuit un grondement qui semble venir des profondeurs de l’enfer et la terre se met à trembler durant une seconde qui semble une éternité au jeune homme.

« - Comment expliques-tu que je puisse réaliser une telle chose alors que je ne suis pas un mage ?
- Je ne sais pas, Maître !
- Tu apprendras, et tu deviendras à ton tour un Wazaou. »