Un vagabond, emmitouflé dans un grand manteau s'arrête dans un bar perdu aux marches du royaume.
Les nouvelles sont mauvaises comme toujours.
Depuis le temps que cela dure, le royaume semble maudit.
Un fringant jeune homme voulant épater la galerie s'attable à coté en commandant bruyamment de l'hydromel. Les charmes de la serveuse semblant ne pas lui être indifférents, une petite tappe amicale sur une chute de reins bien déssinée et l'affaire est dans le sac lui semble t il.
Las, habituée aux matamores guerriers, pleins d'arrogance d'argent et de faits d'armes, la serveuse ne remarque même pas.
Dans un coin un mage observe, il sourrit.
Fort de ce qu'il estime être un premier succès, le jeune homme, profitant du passage de la serveuse, l'assoit sur ses genoux.
Elle tente de se relever mais ne peut pas grand chose. La garde est occupée à plus important ils le savent tout deux. La bourse du jeune homme déborde assez pour que les gardes restent sur leur quant à soit.
Les souvenirs affluent, le décor est familier, les tables identiques.
Que de souvenir des guerres passées, qu'il y avait un centre de pouvoir établi, que les elfes et les hommes faisaient front commun.
C'était une vue de l'esprit, d'esprits malades qui plus est. La rupture de l'alliance n'avait rien changé au rapport de force.
Les monstres affluaient toujours, les guerriers aussi.
Pourtant la nostalgie était là. Qu'ils avaient été doux ces moments où, perdus au milieu de combats sanglants, les elfes et les hommes se laissaient parfois aller à de tendres épanchements.
Qu'elle avait été douce. Dure aussi, une guerrière sans merci.
La serveuse se débattait maintenant pour ne pas succomber sans combattre aux rudes caresses du jeune homme.
D'un coin sombre uns voix s'eleva pour faire cesser : "Est ce ainsi que l'on fait la guerre maintenant ?"
Surpris, le guerrier s'arreta net, la serveuse en profita pour s'arracher à son etreinte et battre en retraite derrière son comptoire.
Frustré et furieux le guerrier se leva d'un bond et fondit sur la voix.
Mal lui en prit, il fut instantanément jeté bas par un trait d'energie pure.
Le vagabond s'était levé, sous son manteau une armure, fine et puissante; à son bras un baton de mage, puissant.
Le mage à sa table s'était levé lui aussi. Peu de gens possédaient de si puissants objets dans les marches.
Déjà la garde arrivait, prévenue par le vacarme inhabituel. Le guerrier inconscient gisait sur une table brisée.
Alors que les gardes s'approchaient pour se saisir du vagabond, le mage incantait. D'un geste du vagabond il fut arrété.
"Inutile"
Trop faible pour résisté, usé par ses années d'errances sans d'autre exercice que la marche, il avait épuisé son pouvoir en une fois.
Les gardes le saisir.
Jugé pour entrave à l'ordre public et agression, il fut jeté en prison. Ses effets personnels avaient été remis en grande pompe au seigneur local. Il avait été convaincu de vol. Un vagabond n'avait pas le droit de posséder de tels objets.
La prison etait glacée et les prisonniers rudes.
Alors qu'il guerroyait, il avait révé de s'enfuir en douce compagnie, de trouver un endroit paisible dans les marches et de s'y installer. Mais de compagne il n'avait plus, d'endroit il n'avait pas. Il était désormais dépossédé de tout, enfermé en criminel au fond d'une sordide prison.
Où était sa vie ?
Que lui avait apporté ses errances ?
Les combats lui manquaient. Ce qui s'était éteind un jour en lui se rallumait.
Sortir, vite.